Un euroscepticisme à la française. Entre défiance et ambivalence, le nécessaire « retour de l’Europe en France »

1 ▪ Le rapport des Français à l’UE : des relations ambivalentes et un euroscepticisme très fort.La France fait partie du groupe des pays dont les habitants sont les moins favorables à l’UE. Mais, bien que l’attitude des Français vis-à-vis de l’Europe soit empreinte de morosité et de défiance, il ne faut pas conclure de manière hâtive à un euroscepticisme généralisé et sans nuances des Français. Il est en effet nécessaire d’analyser dans le détail la complexité de l’attitude des Français vis-à-vis de l’UE.Pour ce faire, il est important de distinguer deux types de « soutien politique » : le « soutien diffus » (sentiments et attitudes les plus abstraits : adhésion à une vision, à des valeurs…) et le « soutien spécifique » (évaluation de l’efficacité des actions menées à l’échelle de l’UE). À partir de cette distinction, il est possible d’identifier un premier élément caractéristique du rapport ambivalent des Français à l’Europe : le soutien à l’UE est d’autant plus élevé qu’il s’exprime au niveau le plus diffus (tandis que 56% des Français sont attachés à l’Europe, 51% des Français estiment que l’Union européenne est « éloignée » et 56% pensent qu’elle n’est pas « efficace » contre 47% pour l’ensemble des citoyens des États membres). En se focalisant sur les évaluations que font les citoyens de l’action de l’Europe, une analyse comparative permet de définir la place occupée par la France en termes de soutien à l’Union européenne par rapport à celles des autres États membres.(…)2 ▪ Un euroscepticisme très fort mais complexe et loin d’être systématique/Bien que la France se classe parmi les pays où les jugements eurosceptiques sont les plus répandus, les Français peuvent également se montrer favorables à l’Europe sur certaines questions. En effet, les attitudes proeuropéennes peuvent ponctuellement rassembler près des ¾ des Français. Il importe donc d’aller au-delà de la distinction entre proeuropéens pour comprendre pourquoi et comment l’opinion des Français, très critique sur de nombreux points, peut basculer pour exprimer majoritairement des positions pro-européennes sur d’autres.Ces mouvements de bascules sont surtout le fait d’individus interessés par l’Europe mais exprimant un positionnement « neutre » vis-à-vis de l’UE, identifiables grâce à des questions de l’Eurobaromètre. Ces personnes « ambivalentes » se rapprochent sur certains aspects des europhiles, sur d’autres des eurosceptiques