« Is Male Unemployment Good for Women’s Employment? A couple-level cross-national study with 31 countries »

Il existe de nombreuses études sur l’« effet de travailleur additionnel », selon lequel le chômage de l’un des partenaires accroît l’offre de travail de l’autre. On sait toutefois moins si l’augmentation de l’offre de travail de la partenaire féminine réagissant à ce choc est limitée à la phase de chômage ou si elle se prolonge au-delà, remodelant ainsi plus durablement l’organisation travail-famille du couple. Cet article analyse les changements dans la répartition du travail rémunéré au sein des couples pendant et après une période de chômage du partenaire masculin dans 31 pays européens, à l’aide des données longitudinales de l’enquête européenne EU Statistics on Income and Living Conditions (EU-SILC) pour la période 2003-2019. Nous utilisons un dispositif en différences-en-différences combiné à un appariement par score de propension afin d’examiner si la part des femmes dans le volume total d’heures de travail rémunéré du couple augmente pendant et après la période de chômage du partenaire masculin, par rapport à un groupe de contrôle composé de couples observablement similaires sans chômage masculin. Nous menons ensuite des analyses multiniveaux avec pentes aléatoires et interactions entre niveaux sur l’échantillon apparié afin d’évaluer l’effet modérateur des contextes nationaux. Nos résultats montrent une augmentation statistiquement significative de la part des femmes dans les heures de travail rémunéré du couple au cours des deux années suivant le retour à l’emploi du partenaire masculin, en particulier parmi les partenaires féminines inactives ou travaillant à temps partiel. Cet effet de partenaire varie significativement selon le risque de pauvreté du pays, le modèle d’imposition des couples et l’écart d’emploi entre les sexes.

Luana Marx est chercheuse postdoctorale à l’Université de Neuchâtel, en Suisse.