Étudiante à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (Liban) et actuellement en échange à ESPOL, Marianne Saghbini a remporté le Prix Révélation du Concours international d’éloquence de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne.
Marianne Saghbini, lauréate du Concours international d’éloquence 2025

« Oui, j’ai pris la liberté. Après deux heures de joutes lyriques enchaînées, j’ai pris la liberté de vous offrir ce court instant de silence. Pas par maladresse, non. Par hommage. À Rien. Rien. Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, le regarde triste… Tu gémis, tu pleures, tu cries. Tu t’efforces de survivre au milieu d’une foule qui t’abîme, qui s’épuise à vouloir te combler, à vouloir te détruire. »
C’est par ces quelques mots que Marianne Saghbini a entamé la dernière étape du plus grand concours d’éloquence universitaire de France, en choisissant de faire l’éloge de Rien. Entre motivations profondes, parcours singulier et lien avec ses études en sciences politiques, elle revient avec nous sur cette expérience marquante.
Pourquoi avoir décidé de participer à ce concours ?
J’avais envie de me donner un petit défi. C’est vrai que j’ai été habituée, avec les concours, les débats, à prendre la parole en public — mais jamais des concours d’éloquence où l’on mettait un accent sur la forme beaucoup plus que sur le fond. Je trouvais ça intéressant aussi de montrer une voix qui est différente, qui ne vient pas de Paris, qui vient de l’étranger, avec ses propres cultures, ses propres convictions et sa propre histoire.
Quelles ont été les différentes étapes du concours jusqu’à la finale ?
Ayant été lauréate du championnat international des débats francophones, je n’ai pas dû participer aux premières qualifications. J’ai donc fait les deuxièmes tours qualificatifs, à l’issue desquels j’ai été sélectionnée pour la demi-finale, puis à nouveau pour la finale au Panthéon.
Quelles thèses as-tu défendues lors de la finale ?
Il y a eu deux grands thèmes : le premier étant un duel, c’est-à-dire qu’une personne défend une opinion à l’affirmative et l’autre la défend à la négative. Le sujet que j’ai eu était : « est-ce qu’on doit souffrir pour réussir ? » et j’ai dû le défendre à la négative, en développant une forme de plaidoyer.
Ensuite, on devait faire un éloge au choix, et j’ai décidé de faire l’éloge de Rien.
En quoi tes études t’ont-elles aidée dans ta réflexion ?
Je pense que mes études de sciences politiques, que ce soit à ESPOL ou dans mon université d’origine, aident beaucoup, notamment dans des concours d’éloquence. Parce que c’est toujours drôle d’insérer une petite blague politique ! Je viens d’une culture politique, j’ai grandi dans la politique et je fais des études de politique, donc je suis obligée d’ajouter un peu de politique, des statistiques dans tous mes discours.
En quoi cette expérience a-t-elle été enrichissante ?
Cette expérience a été extrêmement intéressante autant au niveau personnel que professionnel. Au niveau personnel, parce que j’ai relevé le défi que je m’étais donné, qui était d’arriver à parler devant un public assez large, d’arriver à exprimer mes opinions de manière forte et concrète, et de ne pas avoir peur de m’exprimer. Et au niveau professionnel, ça m’a aidé à comprendre les formalités d’un débat, à m’adapter à un environnement auquel je ne suis pas forcément habituée de manière générale, et surtout à développer des compétences oratoires essentielles — notamment si on entame une carrière diplomatique ou juridique.
Recommanderais-tu aux étudiants de sciences politiques de participer à ce genre d’événements ?
J’encourage énormément les étudiants de sciences politiques à faire des activités « extrascolaires », que ce soit des concours, des débats, de s’impliquer dans des associations au sein desquelles ils peuvent discuter avec d’autres personnes… Parce que c’est très important d’apprendre à écouter les autres, mais également d’arriver à défendre ses opinions. Et surtout, ce qui est intéressant dans ce genre de concours, c’est qu’on est obligé de défendre des positions sur lesquelles on n’est pas forcément d’accord à l’origine.
Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Je dirais qu’on peut me souhaiter plus de victoires dans d’autres concours, en tout cas je l’espère. Et surtout de réussir le projet professionnel que j’avais en tête en entrant à l’université, et je le souhaite à tous les étudiants qui me liront.